Cinq curiosités sur la Feria de Abril
On se voit à la rue Joselito el Gallo
Les Sévillans répètent cette phrase des milliers de fois pendant la Feria, mais peu savent qui était Joselito el Gallo et pourquoi une rue de la Feria de Abril porte son nom. En réalité, le Real compte quinze rues entrelacées, toutes nommées en l’honneur de prestigieux toreros sévillans.
Lorsque la Feria fut déplacée du Prado de San Sebastián à Los Remedios, on décida de rendre hommage aux toreros ayant combattu aux arènes de la Maestranza en baptisant les rues à leur nom. Rappelons que la Feria de Abril marque aussi le début d’une importante saison taurine, ces deux traditions étant intimement liées.
Une rue cependant se distingue : la «calle del infierno» (rue de l’Enfer). Son nom vient du vacarme assourdissant des manèges («cacharritos») qui envahissent ce secteur. Quant au «Real», il tient son nom des cochers d’autrefois qui chargeaient un real (monnaie d’époque) pour transporter les visiteurs jusqu’à l’enceinte festive.
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L’une des particularités qui surprend le plus les visiteurs de la Feria, c’est que de nombreuses casetas (tentes festives) sont privées. Cependant, la fête compte près d’une vingtaine de casetas publiques, gérées par les arrondissements de la ville, les syndicats et les partis politiques.
L’esprit même de la Feria nous invite à savourer, boire et passer d’une caseta à l’autre. D’ailleurs, la Feria de Abril dispose de la «Caseta de Sevilla», spécialement conçue pour que les visiteurs extérieurs trouvent un lieu où danser et s’amuser. Les casetas publiques accueillent toute personne souhaitant profiter de l’événement.
L'albero, cette tache sur la robe
L’albero est une substance omniprésente dans la Feria. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. L’albero a commencé à se populariser dans la ville de Séville à partir de l’Exposition ibéro-américaine de 1929. Jusqu’alors, la couleur prédominante dans la ville était le blanc, car les bâtiments étaient recouverts de chaux blanche. Cependant, à l’occasion de l’Exposition, de nombreux bâtiments de la ville ont commencé à être peints en couleur albero, remplaçant le blanc et intégrant la gamme chromatique qui fait de Séville une ville avec une ‘couleur spéciale’.
De cette manière, l’utilisation de l’albero dans la Feria de Abril contribue à créer une esthétique traditionnelle et authentique. Sa couleur et sa texture se combinent avec l’architecture des casetas et les costumes flamenca, ajoutant une cohésion visuelle et une ambiance distinctive à la Feria.
De plus, l’albero est idéal pour absorber l’humidité et maintenir le sol sec et ferme, ce qui le rend parfait pour les chemins et zones de passage dans l’enceinte de la Feria. L’albero est facile à nettoyer et à entretenir, ce qui aide à maintenir l’enceinte de la Feria ordonnée et présentable pendant toute la semaine. Après la Feria, il peut être balayé et ramassé facilement, préparant le terrain pour d’autres événements ou pour un usage quotidien.
Les farolillos, la lumière de la Feria
Un autre des éléments de la Feria qui est aujourd’hui très reconnaissable, mais qui n’a pas toujours été présent, sont les farolillos.
Les farolillos en papier sont inspirés des traditionnelles lanternes en papier chinoises et furent utilisés pour la première fois lors de la visite de la Reine Isabelle II à la Feria en 1877. La Feria, à cette époque, avait un aspect beaucoup moins uniforme et quelque peu chaotique, et les autorités chargèrent plusieurs artistes de redessiner certains éléments décoratifs de l’événement. Celui choisi pour cette tâche fut le peintre Gustavo Bacarisas qui créa les fameux farolillos. Avec l’arrivée de l’électricité à Séville en 1883, l’utilisation des farolillos devint plus sûre, et en 1983 leur usage public fut réglementé, donnant à la Feria l’aspect qu’elle a aujourd’hui.
La portada de la Feria, une œuvre d'art éphémère
La portada de la Feria se renouvelle chaque année et ses designs cherchent toujours à surprendre les visiteurs et les Sévillans.
Les origines des portadas de la Feria sont surprenantes. Initialement, la portada n’avait pas fonction de «portada» mais était une passerelle qui reliait la rue San Fernando au Real de Prado de San Sebastián. Cependant, la partie inférieure de la passerelle fut interprétée par les Sévillans comme une sorte d’entrée à la Feria, et lorsque la mairie décida de la démolir en 1920, les Sévillans exigèrent qu’une nouvelle soit construite. En 1949, il fut établi que la Feria disposerait toujours d’une portada éphémère choisie par concours, et avec le temps, cette tradition s’étendit à d’autres ferias en Espagne.